Cursus Design Industriel en 5 ans
Accessible de Post-Bac à Bac+4
Responsable du mastère Innovation x Design, Estelle Berger est partie à la rencontre d’Estelle Marcheteau, diplômée 2023-24. Après vingt ans de carrière dans l’industrie pharmaceutique, elle a choisi de se réorienter et de rejoindre la formation.
Dans cet échange, elle revient sur son parcours, les enseignements qui l’ont marquée et la manière dont elle construit aujourd’hui une nouvelle trajectoire professionnelle grâce au design.
Quelle était ta formation d’origine ? A quel moment de ta vie as-tu décidé de rejoindre le mastère Innovation x Design ? Pour quelles raisons, quel déclic ?
Après un master en sciences analytiques, j’ai passé 20 ans dans l’industrie pharmaceutique, en laboratoire de biologie. La reconversion a été un processus long. Après 10 ans, j’ai commencé à me poser des questions. Un premier bilan de compétences a fait ressortir mon versant scientifique mais aussi un autre plus créatif, que je n’explorais pas du tout à l’époque. J’ai mis 10 ans, mais j’ai fini par réussir à me faire détacher 1 an à 40% dans un lab d’innovation sociale qui mobilisait du design thinking. Ça a été le déclic : l’approche, les thématiques, les façons de travailler… c’est ce que je voulais faire ! J’y ai rencontré des étudiants de Strate, et découvert la formation de mastère Innovation x Design. Tout est alors devenu évident.
Comment t’es-tu approprié les apprentissages de la formation pour créer ta propre trajectoire ?
La formation était très dense, sur le moment je n’ai pas forcément perçu à quoi certains enseignements allaient me servir. Je n’avais pas forcément l’impression d’apprendre des choses très spécifiques, mais une fois digéré, tout cet ensemble m’a permis de prendre de la hauteur par rapport à ce qu’est le design et ce qu’on peut en faire. Finalement, je considère avoir intégré une approche globale, qui m’a beaucoup servi lorsque j’ai dû concrétiser un projet, pour interagir et faire le lien entre différentes personnes. Mon conseil aux futur.e.s mastère.s : même si sur le moment on ne comprend pas, il faut se l’approprier, tout enseignement sert forcément au moins à ouvrir l’esprit.
De quel accomplissement professionnel es-tu la plus fière ?
Je pense au projet interécoles CPi mené durant l’année de mastère, où mon groupe travaillait pour Orano. Au départ je doutais de ce que je pourrais amener dans cet univers du nucléaire, mais l’interaction avec les commanditaires a été tellement riche et les retours sur nos idées tellement positifs, que j’ai poursuivi en stage pour développer et aboutir notre proposition. C’est un dispositif immersif pour se mettre dans la peau d’un radioprotectionniste, afin de faire découvrir le quotidien de ce métier méconnu du grand public. Je me suis beaucoup épanouie dans ce travail de connexion entre gens du métier, RH, communication… j’ai aussi été fière de pouvoir répondre à un besoin et valoriser les radioprotectionnistes.
Aujourd’hui je démarre une nouvelle étape de vie à Shanghai, un changement qui n’était pas forcément attendu à ce moment, mais que la pensée design m’a permis d’accueillir en me re-posant la question de ce que je souhaite faire maintenant. La thématique du parcours patient (l'ensemble des étapes que traverse un individu lorsqu'il est pris en charge par le système de santé) me touche beaucoup, et j’aimerais m’y consacrer en alliant mes 20 ans d’expérience dans les sciences et ma pensée design centrée sur l’humain. Cela touche aussi à la vulgarisation scientifique, un peu comme j’ai pu l’expérimenter chez Orano. Il m’apparaît donc que j’ai toutes les cartes en main maintenant.
De manière plus générale, tout mon cheminement a été fait de petites briques. Quand on prend un peu de temps et de recul pour les regarder, à un moment, elles composent une histoire. Comme le processus qui m’a amenée à faire le mastère : quand ça apparaît clairement, on n’a plus de doute, on est au bon endroit au bon moment.
Quels ont été les moments les plus difficiles, les plus grosses remises en question dans ton parcours ?
C’est vrai que la reconversion est une remise en question de tout ce qu’on a appris. Même si j’avais le sentiment d’avoir fait le tour, envie d’autre chose, j’étais dans une certaine zone de confort. Se dire qu’on ne sait plus rien n’est pas évident. Aussi, être avec des gens beaucoup plus jeunes a pu être difficile sur le moment, mais avec le recul leurs visions différentes m’ont été utiles. Se retrouver débutante force à avoir une vraie humilité, à se laisser porter et tester des choses. Avec le recul je me dis même que j’aurais dû embrasser cela encore plus.
Quelle est ta conception du design aujourd’hui ? Quel conseil donnerais-tu à une personne qui souhaite s’y lancer ?
Je trouve le mot design assez galvaudé dans le langage courant. Beaucoup de gens pensent à des objets, mais ce qui m’importe c’est la façon « naïve » de regarder un problème avec les yeux de celles et ceux qui sont concerné.e.s. Faire preuve d’empathie, d’humilité, décortiquer une situation. C’est vraiment un travail d’équipe et de liens, pour échanger et rassembler nos perspectives afin de trouver une solution qui convienne à ceux qui en ont besoin. Mon conseil est donc de ne jamais hésiter à faire appel aux autres. C’est extrêmement important d’échanger pour s’enrichir.